Les média et analystes du monde entier font vivre depuis ce matin à notre planète un réveil empreint de stupéfaction générale.
Contre toute attente, à l’encontre de tous les indicateurs, déjouant les analyses des meilleurs experts mondiaux, les citoyens américains ont donné au candidat Trump sa clé pour entrer à la Maison Blanche. Ils ont de surcroît fait ce choix dans les grandes largeurs, et le 45ème président des Etats Unis d’Amérique peut se targuer d’être ‘très bien’ élu par le système électoral fédéral de son pays, comme en témoigne la très éloquente carte bicolore du pays qui occupe tous nos écrans depuis quelques heures.
Cette élection, si l’on veut la regarder en face, est riche d’enseignements qu’il ne faut surtout pas faire mine de ne pas entendre :
- D’abord, la démocratie a cette caractéristique d’être têtue : elle n’obéit pas aux effets d’annonce ; elle déjoue les pronostics ; elle n’en fait qu’à sa tête. Les électeurs américains ont fait leur choix dans l’isoloir malgré tout le tumulte ambiant depuis des mois.
- Ensuite, les ralliements tous azimut à une forme de bien-pensance policée que Mme Clinton a incarné depuis des mois n’ont eu aucun effet. Peut-être même ont-ils servi de repoussoir…
Une partie des électeurs a voté pour Trump car ils veulent faire exploser le système par n’importe quel moyen et à ce titre il faut bien lire dans sa victoire un véritable pied de nez aux élites et à l’establishment. - Enfin, il faut se rendre au verdict des urnes et constater, quoi qu’on en pense, que M. Trump est le nouveau président de la première puissance mondiale. Si j’avais été électeur américain, je n’aurais pas voté pour lui ; je ne souhaitais pas sa victoire, mais je juge cependant que notre liberté a un prix : celui de l’acceptation des règles. La victoire de Trump est indéniable. Elle s’impose désormais à nous pour les quatre années qui arrivent.
Au-delà de ces constats, en tant que citoyens Français à la veille d’échéances majeures pour notre pays, pour ce qui me concerne en tant qu’élu de notre pays, nous ne pouvons pas ne pas faire de parallèle entre ce qui se passe aujourd’hui outre-Atlantique et notre pays.
Voici les réflexions qui me viennent à l’esprit :
- A trop vouloir cristalliser les affrontements électoraux autour des seules questions de personnalités et d’individualités, on court le risque de ne pas débattre du fond, de passer à côté du choix fondamental d’un mode de vie en société. Notre élection présidentielle est le moment de ce choix ; elle n’est pas un concours de beauté ou de celui qui s’exprime le mieux ou a le plus beau parcours. Il faut que les candidats à ce scrutin majeur de notre vie démocratique nous présentent de manière claire les axes qu’ils feront prendre à notre pays afin que nos choix soient éclairés.
- Nos démocraties sont malades lorsqu’elles en sont réduites à choisir leurs élus par défaut, par rejet de candidats dont elle ne veulent pas. C’est par des propositions qui permettent l’adhésion d’une majorité que l’on restaurera une confiance dans nos institutions et les élus qui sont là pour les servir.
- La menace populiste n’est plus une chimère. Elle est à nos portes. Elle nous frappera irrémédiablement si nous ne réagissons pas au plus vite.
Ces réflexions sont sincères. Elles guident mon action et mon engagement au quotidien. Elles me confortent dans la certitude qu’en tant qu’élu – à quel niveau que ce soit – il faut donner chaque jour le meilleur de soi-même au service de ses concitoyens et de son territoire ; qu’il faut aussi agir dans la plus grande transparence, en ne cachant pas ses valeurs et ses choix et en cultivant la proximité et la communication sous toutes leurs formes ; qu’il faut enfin concevoir le mandat comme un contrat à durée déterminée à l’avance avec un territoire et ses habitants. Ce n’est qu’au prix de ces règles morales élémentaires que nous préserverons notre bien le plus précieux : notre liberté.