«La France va mieux», a déclaré solennellement le Président de la République François Hollande lors de sa dernière allocution télévisée.
Ce constat sonne comme un aveu terrible, à bien des égards :
- terrible d’abord, tant il signe la rupture irrévocable du lien censé unir le Président de la République, re-présentant s’il en est du peuple de notre pays, Élu parmi les élus, suprême incarnation de la démocratie, et ses concitoyens, nous tous, le peuple de France. Jamais depuis la fin du deuxième conflit mondial ce peuple n’a autant ressenti de détresse et de désarroi, jamais l’expression d’un mal-vivre, d’un mal-être même – national de surcroît – n’a été aussi forte et aussi généralisée, et pour le Président, ‘la France va mieux’… Où vit-il ? Qui lui fait remonter la température de la rue ? Quelle conscience a-t-il de ce qui se passe dans notre pays ? La question est franchement ouverte… Au début de mon mandat de député, lors d’une question au gouvernement, j’avais mis M. le Premier Ministre en garde contre le risque que lui-même et son gouvernement couraient de se retrouver dans la peau d’un Louis XVI et d’une Marie-Antoinette regardant depuis les fenêtres de Versailles la colère monter sans en mesurer la force… Que dire à François Hollande aujourd’hui ?
- terrible ensuite car il dévoile le cynisme infini de celui qui conduit les destinées de notre pays depuis bientôt quatre ans n’a jamais poursuivi d’autre dessein que celui de sa trajectoire personnelle. Après avoir cherché à nous convaincre pendant près de trois ans qu’il fait soleil lorsqu’il pleut, avec sa fameuse inversion de la courbe du chômage, le voilà maintenant en train de nous vanter son bilan sur fond d’autosatisfaction. Il est d’ailleurs rejoint depuis hier par les meilleurs de ses ministres, réunis pour la circonstance à la faculté de Médecine à Paris, sous le haut patronage du Ministre de l’Agriculture Le Foll, dont on se demande tout de même si la situation de notre agriculture ne justifierait pas qu’il se consacrât à autre chose qu’à des séances d’incantation…
- terrible de surcroît car en renonçant ainsi à la moindre once de sincérité politique, le Président jette une nouvelle fois l’opprobre sur tous les responsables politiques, grimant jusqu’au ridicule la pire des manières de concevoir l’engagement… Alors que chez certains de nos voisins européens, les partis extrémistes caracolent en tête des récents scrutins, les effets de telles attitudes ne relèvent vraiment plus de la crainte infondée…
- terrible enfin car à quelques mois seulement de l’échéance présidentielle dont on voit bien qu’elle continue – malgré toute la défiance des Français pour la politique – de rythmer la vie de notre pays, de tous bords, nombreux sont celles et ceux qui confondent leurs ambitions égoïstes et celle qu’ils portent pour un pays qui ne va pas mieux, et qu’on doit justement conduire vers des jours plus optimistes. Les Macron, Yade et autres improbables candidats à la candidature à la primaire de la Droite et des Républicains devraient commencer par revenir à la seule question essentielle que tout un chacun doit se poser chaque matin : où est l’essentiel de ce qui fait la motivation d’un engagement ? Si la réponse à cette question n’est pas ‘agir en toute sincérité pour le bien collectif et l’amélioration de la situation du plus grand nombre’, nul ne peut comprendre ni cautionner un quelconque entêtement à poursuivre.