Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD)

Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), les constats unanimes issus du terrain : une prise en charge insatisfaisante face à l’accroissement de la dépendance des résidents.

Outre les réflexions nationales actuelles sur le fonctionnement de nos maisons de retraite, le sujet plus vaste du vieillissement de notre population, de l’augmentation de la dépendance, des modalités de prise en charge financière de l’accompagnement de nos aînés sont des problématiques politiques majeures.

Ayant été, pendant plus de deux ans, membre de la commission des Affaires Sociales de l’Assemblée nationale, ce sont des sujets sur lesquels j’ai beaucoup travaillé et qui m’ont conduit, en son temps, à faire une visite complète de tous les établissements du Sud Aveyron que j’ai achevée récemment par la visite de l’EHPAD de Saint Laurent d’Olt. La lettre envoyée à la Directrice Générale Agence régionale de santé à lire ICI.

 

J’ai en outre récemment diffusé à tous les gestionnaires d’EHPAD le rapport élaboré par deux collègues députées sur le devenir de ces structures (rapport à lire ICI) (ma lettre d’accompagnement à lire ICI) et participé à Broquiès à une réunion du groupement SOLEA qui débouchera dans les toutes prochaines semaines à une mission flash que nous conduirons de concert avec le sénateur Alain Marc pour faire des préconisations territorialisées sur le devenir des EHPAD. Le maillage de proximité aveyronnais est indispensable à une bonne prise en charge du vieillissement et les problèmes de nos EHPAD ne sont pas identiques à ceux des grandes métropoles.

Projet de création de lits médicalisés à Salles Curan ; réhabilitation de l’EHPAD de Brusque…

Au cours des nombreux déplacements réalisés, tous les établissements, même les plus dynamiques et les plus innovants, ont dressé le même constat : la difficulté de prendre en charge, à moyens humains constants, des résidents de plus en plus dépendants.
Les résidents accueillis en EHPAD sont de plus en plus âgés, de plus en plus malades et de plus en plus dépendants.

Une évolution qui résulte de flux démographiques et de choix politiques.
Si l’augmentation du nombre de résidents très âgés est évidemment due à l’allongement de l’espérance de vie et à l’avancée en âge des générations nées dans l’entre-deux-guerres, l’augmentation du niveau de dépendance des personnes accueillies en EHPAD est également la résultante des choix politiques qui ont été faits au cours des dix dernières années dans la prise en charge du grand âge.
En effet, si les personnes âgées entrent de plus en plus tard et de plus en plus dépendantes en EHPAD, c’est avant tout parce qu’au cours de la décennie écoulée, la priorité a été donnée – à juste titre – au maintien à domicile.
Aujourd’hui, l’entrée en EHPAD est bien souvent repoussée le plus possible, jusqu’à ce que le maintien à domicile devienne inenvisageable.
À cela s’ajoute la diminution du nombre de places en unités de soins de longue durée (USLD), structures hospitalières s’adressant à des personnes très dépendantes dont l’état nécessite une surveillance médicale constante.

Des effectifs insuffisants pour garantir une prise en charge optimale et une charge de travail de plus en plus lourde.
L’augmentation du niveau de dépendance des résidents et des soins médicotechniques requis a considérablement alourdi la charge de travail des personnels soignants en EHPAD, mais également la pénibilité physique et mentale de ces métiers.
En suite de cette évolution du profil des résidents, les soins, les gestes techniques (transferts) et les toilettes ont pris une place de plus en plus importante dans les missions des soignants, au détriment du relationnel et de l’animation.
Des effectifs qui ne correspondent pas encore aux besoins.
Dans les EHPAD visités, chaque aide-soignant s’occupe chaque matin de 10 à 14 résidents. Si l’on considère que les toilettes ont lieu de 8 heures à midi, cela ne permet même pas de consacrer une demi-heure à chaque résident.
Des difficultés de recrutement, tous les directeurs d’établissements rencontrés ont
fait état de fortes difficultés à pourvoir les postes vacants.
Ces difficultés sont évidemment liées aux conditions de travail dans les EHPAD, mais également au
regard porté par notre société sur le vieillissement en général et sur ces établissements en particulier.

Vers un nouveau modèle d’EHPAD, des innovations et des propositions pour améliorer à la fois la qualité des soins et la qualité de vie en EHPAD.
Il faut désormais sortir de l’opposition entre l’EHPAD « lieu de soins » et l’EHPAD « lieu de vie », et améliorer à la fois la qualité du soin et la qualité de vie en EHPAD, sans négliger l’un au profit de
l’autre.
Pour s’assurer que nos aînés soient pris en charge dignement, la priorité doit être de définir un ratio opposable de personnel par résident.
Le ratio doit évidemment être calculé à partir du besoin des résidents.

À la suite de ce constat, j’ai fait parvenir un courrier à la directrice de l’ARS Occitanie, cosigné par les sénateurs de l’Aveyron ainsi que par le Président du Conseil Départemental.
Nous souhaitons attirer son attention sur la réflexion portée par le secteur du Lévézou, territoire qui se caractérise en Aveyron par sa place au cœur du département, l’équidistance de la plupart de ses bourgs-centres entre Rodez, Millau et Saint Affrique, et sa relative pauvreté en termes d’équipements d’accueil médicalisées des personnes âgées dépendantes.

Confronté au vieillissement de sa population et à l’augmentation du niveau moyen de dépendance, ce territoire souhaiterait voir s’ouvrir des lits médicalisés à Salles Curan. Très conscients des contingences actuelles, les élus et décideurs n’imaginent pas la création d’une structure à part entière mais imaginent son adossement à l’établissement de Pont de Salars, la Résidence du Lac.

Il est important de conserver des structures d’accueil à taille humaine sur notre territoire qui ont une âme et une culture authentique du service à la personne.