Étendre l’état d’urgence aux pratiques politiques… Billet n°11

Chacun s’accorde à dire que nous souffrons depuis plusieurs années d’une perte de repères qui percole toutes les strates de notre société et de nos vies. La faute à un progrès trop rapide pour certains, à une mondialisation déroutante pour d’autres, à des bouleversements globaux qui remettent en cause les modèles établis pour les derniers…

Et si cet état de trouble avait pour but de créer un écran de fumée pour maquer certaines réalités ? Si – grâce à la perméabilité médiatique de nos temps modernes – certains utilisaient cette technique, vieille comme le monde, de la diversion ?

  • Que croire en effet lorsqu’en pleine tempête sociale sur fond de Loi El Khomri, avec tour à tour des raffineries bloquées, des transports paralysés, des services de nettoiement à l’arrêt, on ne parle subitement que de la joie que ressent – légitimement – notre nation à accueillir l’Euro 2016 de football ?
  • Que croire encore lorsqu’après des mois de discours de rigueur sur l’état budgétaire de la France, des efforts considérables demandés aux contribuables et aux entreprises de ce pays, notre Président de la République distribue ses largesses à tous les corporatismes qui le menacent de blocages ?
  • Que croire lorsque pour contrer le fléau du chômage et de l’insécurité économique, on met sur pied de nouveaux dispositifs d’allocations qui entretiennent le mythe de l’assistanat sans contrepartie ?
  • Que croire lorsque l’on assiste ébahis à l’assassinat d’un policier et de sa famille à son domicile, dans notre pays des droits de l’homme, quelques heures seulement après qu’un spectateur anglais de l’Euro 2016 se retrouve entre la vie et la mort ? Les limites du tolérable sont à mes yeux largement dépassées.
  • Que croire enfin lorsqu’en France la voix de l’Etat est inaudible, couverte par le brouhaha incessant d’un Premier Ministre à l’arrogance agressive, de ministres à l’ambition visqueuse, de prétendants de tous bords qui ne mesurent rien de la détresse des Français et cherchent à tout crin à légitimer leur course folle au pouvoir pour le pouvoir, sans aucune considération, ni pour nos concitoyens, ni pour notre pays.

Ce qu’il faut croire au milieu de cette cacophonie, c’est que que seul un discours de sincérité pourra tout à la fois rendre aux individus le sens des priorités et aussi remettre notre société sur le chemin d’une marche déterminée vers l’avenir.

Cette sincérité, elle passera par :
  • l’affirmation que chacune et chacun d’entre nous détient une part de notre avenir collectif entre ses mains, que l’avenir de notre nation passe par une prise de conscience individuelle que notre pays n’est pas la somme des intérêts particuliers de ses citoyens mais bel et bien l’accomplissement d’un effort collectif,
  • l’affirmation que la France a du ressort ; que notre économie – si on en allège les contraintes – a les moyens d’innover, de créer, de donner de l’espoir,
  • l’affirmation que partout dans nos territoires, des acteurs associatifs, bénévoles, privés et publics, sont engagés pleinement dans le devenir de leur village, de leur ville et participeront ainsi au regain économique du pays,
  • l’affirmation enfin que pour être crédible le pouvoir politique doit être dénué de la course au renouvellement et que donner à nos institutions ce nouvel élan passe par une limitation du nombre de mandats que chaque individu peut solliciter dans une même responsabilité. Dans la génération d’élus à laquelle j’appartiens, cette idée est partagée par beaucoup, car nos sommes convaincus qu’il faut que des jeunes aient la possibilité de s’engager à tous les étages de la fusée France, pour apporter à la fois des idées neuves et aussi un souffle de fraîcheur à notre démocratie.

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