Loi travail: le bal continue au rythme 49-3, Billet n°12

C’en est donc fini. Au terme de longs mois de soubresauts qui ont agité notre pays, créé des tensions sociales qui ont parfois dégénéré, soulevé des incompréhensions majeures, suscité des oppositions violentes, ce que la Ministre El Khomri nommait à sa création avec un orgueil déjà complètement déplacé à cette époque ‘MA loi’ trouve cet après-midi le pire des épilogues à l’Assemblée nationale ; elle est imposée par la force par le Premier Ministre qui use pour la cinquième fois de l’article 49.3 de notre constitution pour stopper net les débats de cette nouvelle lecture du texte avant même qu’ils ne débutent…

A n’en pas douter, cet épisode restera l’un des plus sinistres des cinq années de pouvoir de cette majorité :

  • d’abord parce que cette issue est l’aveu flagrant de l’incapacité de l’équipe actuellement en place à comprendre les besoins de notre pays dans le contexte actuel ; parvenir à dresser contre une projet de loi quasiment toutes les parties prenantes est un bien piètre exploit ;
  • ensuite parce que c’est notre démocratie qui est piétinée depuis des semaines par ce lent processus de pourrissement : le Parlement d’abord, dont la voix n’a jamais été respectée. La Première Lecture du texte s’est faite sur des éléments largement pipés par des effets d’annonce et des arrangements préalables avant de s’achever par le spectacle sinistre d’une majorité émiettée qui a contraint le Premier Ministre à l’usage du 49.3. Le travail du Sénat a été bafoué par des tentatives parallèles de concertation avec les opposants les plus virulents, toutes sur-médiatisées comme pour provoquer les réactions. L’épisode du jour à l’Assemblée clôt le chapitre comme il s’était ouvert… Le peuple lui-même, au-delà de ses représentants, a directement essuyé cette obsession gouvernementale du passage en force, à telle enseigne que l’on ressent aujourd’hui partout une lassitude immense face à ce gâchis législatif…
  • enfin parce que sur le fond, cette occasion est d’abord et avant tout une occasion ratée, l’occasion ratée de reconsidérer la place et le rôle du travail dans nos vies et dans notre société ; l’occasion ratée de nous donner collectivement les moyens de permettre à notre économie de relever la tête ; l’occasion ratée de moderniser nos rapports sociaux afin de créer de vraies synergies entre dirigeants et salariés ; l’occasion ratée de questionner les vraies raisons de la très grande difficulté de la France à sortir de la crise.

Ce soir, à l’heure où certains manifestent, une immense majorité d’entre nous se demande comment et pourquoi on peut en arriver là, alors que tant de freins doivent être levés de toute urgence dans notre France.

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