Dans la tourmente qui secoue depuis plusieurs jours notre actualité, et – singulièrement – celle de ma famille politique, impossible de ne pas exprimer un point de vue, même si l’exercice s’avère difficile…
En effet, l’actualité n’en finit pas de rebondir… Comme si rien désormais ne pouvait mettre un terme à la kyrielle ininterrompue de révélations toutes plus déroutantes les unes que les autres… Je le dis explicitement : je COMPRENDS les inquiétudes qu’elles suscitent tant elles touchent au cœur des Français frappés par d’innombrables et profondes angoisses qui ébranlent jusqu’à la perception qu’a chaque individu de son rôle et de sa place dans la société et les enjeux collectifs de notre vie ENSEMBLE.
Le phénomène n’est pourtant pas aussi nouveau qu’il n’y paraît…
Peut-être inclue-t-il les primaires de tous les partis politiques de notre pays pour l’élection de 2017, qui ont bousculé les lignes et créé – partout – la surprise…
Peut-être faut-il le mettre en lien avec le Brexit, que tous les observateurs donnaient impossible…
Peut-être, pour une fois, vivons-nous en simultané la même crise citoyenne que les américains qui ont fait en novembre dernier un choix qui agite aujourd’hui la planète tout entière…
Peut-être sommes-nous tout simplement en proie à ce ‘dégagisme’ ambiant qui ébranle tous les ordres trop établis…
Dès lors que l’on fait cette hypothèse, deux questions se posent.
D’abord, à qui la faute ?
- la faute à la perte de rapports humains directs,
- la faute à l’individualisme qui nous enferme dans nos sphères étroites,
- la faute à une propension à trop attendre du collectif, sans comprendre qu’il faut y contribuer,
- la faute à une quête urgente de repères que nous partageons tous, sans jamais lui trouver de réponse satisfaisante…
Si nous avons tous une parcelle de responsabilité dans le déclenchement de cette tempête, il faut donc chercher à en comprendre le mécanisme :
- il est d’abord le fruit d’un écartèlement de plus en plus intenable entre la mondialisation de notre économie, nos balades virtuelles quotidiennes partout dans le monde, et le repli sur soi de notre pays qui cherche sa place en Europe, sur la planète, que ce soit sur le plan économique, politique, religieux ou culturel. Après avoir été une puissance enviée et respectée, la France hésite, doute, nous fait douter de nous-mêmes…
- il est aussi fondé sur une tension de plus en plus forte entre l’immédiateté de l’image, de l’information en continu et tous azimut, le culte du sensationnalisme et de l’éphémère, et la rigidité de nos sociétés et de leurs institutions, qui n’ont pas su (ou pas voulu…) s’adapter à ce nouveau monde dans lequel nous vivons. S’ensuit cette confrontation permanente et dévastatrice entre la rapidité de nos vies individuelles et l’inertie sclérosante de nos systèmes collectifs…
Pour sortir de la spirale du cyclone, il va falloir changer de mode de pensée :
- il va falloir reprendre confiance en nos capacités de rebond, en nos atouts d’innovation, de créativité, de développement de richesse, de regain économique.
- il va falloir aussi – de toute urgence – s’interroger sur les équilibres de notre vie collective : est-il normal que le maintien de l’ordre public repose sur la prise de parole artificielle d’un jeune homme blessé lors d’une interpellation qui a mal tourné ? Est-il souhaitable de se livrer, avant les vraies consultations démocratiques, à de tristes parodies d’émissions de télé-réalité qu’on baptise pudiquement ‘primaires’ et qui confinent en fait à un détournement du choix ultime du citoyen-électeur ?
- il va falloir, adapter nos structures politiques au monde moderne. Nos institutions sont puissantes et elles sont parmi les seules dans le monde à avoir été conçues pour garantir notre liberté ; je n’en conteste pas les vertus. Elles ont simplement besoin d’un bol de fraîcheur.
- il va falloir rendre à certaines fonctions – à commencer par celle de Président de la République – le rôle d’incarnation de valeurs, d’une vision, d’une orientation pour notre société et la place de notre pays dans le monde ; cessons de les galvauder et d’en édulcorer jusqu’au néant le sens qu’elles doivent avoir et le cap qu’elles doivent donner à la France.
En guise de conclusion, je soumets une seule petite proposition : limitons à DEUX le nombre de mandats que peut accomplir un individu dans une même fonction élective. Nous nous donnerons ainsi une chance de rendre à notre démocratie un peu de vitalité, aux Français un peu de confiance et aux élus un peu de dignité, et à notre débat politique et sociétal la profondeur qui lui fait actuellement si cruellement défaut, et qu’il nous faut retrouver de toute urgence si l’on veut que 2017 soit une année de choix libre, éclairé, et porteur d’espoir.