La semaine dernière est en tous points marquée par ses paradoxes :
- paradoxe du débat sur la loi voulue par le Président de la République et qui vise à constitutionnaliser l’Etat d’Urgence et la déchéance de nationalité pour les individus convaincus de terrorisme. Alors même que ces mesures ont été votées par une large partie de l’Opposition, dont je fais partie, considérant que notre sécurité et la crédibilité des institutions dans la crise terrible que nous vivons est en jeu, une très grande majorité des députés de la Majorité a voté contre, et a même usé des longues discussions dans l’hémicycle pour tenter d’y réintroduire des questions qui n’avaient objectivement rien à voir avec le sujet du jour.
Sur des décisions aussi graves, et issues d’événements aussi meurtriers, on a même vu des ministres en exercice prendre publiquement le contre-pied de leur Premier Ministre et du Président de la République.
Comment dans ces conditions pense-t-on restaurer la confiance des Français dans leurs élus ? - paradoxe d’un remaniement ministériel qui a tout du mariage de la carpe et du lapin. On y retrouve des personnalités qui – quelques heures seulement avant d’entrer au gouvernement – débattaient publiquement de leurs divergences d’approche sur des enjeux aussi fondamentaux que la loi constitutionnelle ou la lutte contre le chômage…
- paradoxe d’un Etat dont les Français attendent davantage d’autorité et un cap, et qui semble, par la voix-même du Président de la République, renoncer à toute capacité à décider, comme on le voit tragiquement dans la gestion de la crise agricole où le Ministre Le Foll s’abrite lâchement derrière l’Europe, comme le laisse aussi deviner l’affaire de l’aéroport de Notre Dame des Landes où après des années de procédures, d’études, d’acquisitions foncières, de dépenses pharaoniques, on va maintenant organiser (à une échelle encore inconnue) un référendum pour décider si le projet a lieu d’être ou pas…
Pour être un défenseur de la consultation démocratique, je n’en demeure pas moins certain que sa contrepartie indispensable est la responsabilité et le courage dans la décision. Solliciter un mandat – quel qu’il soit – de ses concitoyens est un acte fort par lequel on leur témoigne le désir de s’engager sans limite pour eux, avec des convictions et des positions claires, au risque de déplaire parfois, mais en ayant toujours la volonté de promouvoir l’intérêt public le plus large. La démocratie est un joyau qui ne peut vivre dans ce contrat de confiance et la confiance ne se décrète pas… Elle s’entretient chaque seconde.