De l’état d’urgence à l’Urgence d’Etat, Billet n°13

Depuis le 14 juillet, notre nation vit au diapason de l’onde de choc terrible qui s’est propagée jusqu’aux moindres recoins de notre pays suite à la barbarie de Nice.
Aucun Français, dans aucun territoire, n’a pu rester insensible aux images atroces que nous ont servi les média ; aucune conscience ne peut rester insensible à l’abîme de douleur qui s’est abattu sans préavis sur des victimes innocentes dont la vie a basculé en l’espace de quelques secondes dans un des lieux d’ordinaire les plus idylliques de France.
Aucun citoyen Français n’a pu rester sourd à la séquence ininterrompue de commentaires et d’analyses qui ont inondé nos existences en en bouleversant tous les repères.
Et pourtant… pourtant, le quotidien va vite – trop vite – reprendre ses droits, et la rapidité insensée de la notre monde moderne va vite – trop vite – nous emporter vers d’autres préoccupations… jusqu’à ce que – malheureusement – un autre épisode ne nous ramène à ce sentiment au goût amer, fait de peine, de colère, de révolte, de peur, d’incompréhension, de doute, ne revienne sur nous, sans prévenir… Ne laissons pas cette fatalité de la récurrence devenir la règle.

Depuis jeudi dernier, comme tout un chacun, je vis au gré de ce flot contradictoire d’émotions et de sentiments.
Depuis jeudi dernier – plus que jamais – en tant que député, en tant que votre député que vous avez chargé de vous représenter à l’Assemblée nationale, je ressens au plus profond de mon âme et de ma conscience la gravité et le poids de la mission que vous avez bien voulu me confier.
Depuis jeudi dernier – plus que jamais – je mesure à quel point ce que je fais, dis, décide, en votre nom doit être empreint des valeurs qui font de nous ce que nous sommes, et des attentes que notre société et singulièrement les plus jeunes d’entre nous, placent en leurs représentants et leur dirigeants pour assurer leur sécurité certes, mais au-delà, leur avenir.

Aussi, dès la nouvelle connue de l’attaque à Nice :

  • j’ai exprimé mon désaccord avec toute polémique. Les victimes et leurs proches, les entourages brisés, de tous horizons, de toutes confessions et de toutes origines, les témoins meurtris exigent qu’on leur épargne ce déballage abject de responsables publics qui se rejettent les responsabilités de ce drame. Laissons ces pratiques à ceux qui en ont fait leur fond de commerce et croient en tirer parti en considérant que les Français sont dupes. Ils ne le sont pas, et je le vérifie chaque jour à leur contact.
  • j’ai indiqué que je voterais toutes les mesures d’urgence proposées par le gouvernement car je considère que la situation est URGENTE et que le simple fait d’atermoyer est une erreur politique grave. La nuit dernière, j’ai voté la loi prolongeant de six mois l’état d’urgence afin qu’il n’y ait aucune rupture dans le dispositif renforcé au moment où on en a le plus besoin.
  • j’ai dit que le devoir de tout responsable public, était de porter une parole publique sincère. Pour moi, la sincérité, c’est de dire :
    • que les mesures d’urgence sont indispensables et que malheureusement, il faut se préparer à ce qu’elles doivent rester en vigueur sur une période longue, car les causes des actes barbares qui sont perpétrés sur notre sol seront longues à circonscrire et que le phénomène est à présent largement diffus,
    • que ces mesures ne sont pas suffisantes sur le long terme et qu’il faut les compléter par des dispositions dont la fermeté s’impose au vu de la fréquence et de la gravité des crimes commis. C’est le sens de mon soutien aux amendements proposés dans le débat de la nuit dernière pour renforcer les prérogatives des forces de l’ordre de notre pays, rendre plus strictes les sanctions à l’encontre des coupables d’actes terroristes, donner plus de moyens aux services de renseignement dont le métier est de débusquer le plus en amont possible les réseaux terroristes. J’ai voté toutes ces propositions sans état d’âme. Leur liste est disponible sur le site de l’Assemblée via le lien suivant : Recherche amendements
    • que chaque Français doit aussi se sentir investi de sa part de responsabilité dans notre sécurité collective en faisant preuve de vigilance et d’attention pour sa propre sécurité et celle de son entourage. Ni l’Etat, ni les institutions locales ne peuvent venir à bout de ce fléau si chaque citoyen de France ne décide pas à son niveau de relever ce défi.
    • que, pour commencer, chacun va devoir comprendre et accepter que l’extrême gravité de la situation exige des aménagements de nos habitudes. Il n’est pas normal à mes yeux que trois jours de deuil national décrétés par le Président de la République au lendemain d’une tuerie innommable se traduisent par zéro modification des calendriers de festivités et de rassemblements. Il n’est pas normal de faire semblant de croire que tout peut continuer comme si ces événements n’avaient pas eu lieu. Aussi dévoués que puissent être les personnels militaires et civils – aux plans international, national et local – qui consacrent leurs vies à notre sécurité, une limite est franchie lorsque l’assaillant se cache partout, et peut surgir à chaque instant, sous des formes aussi diverses qu’imprévisibles C’est à chacun de nous d’intégrer cette dimension en même temps que les autorités compétentes doivent la faire leur.
    • que les décisions internationales qu’a prises et que prend la France, notamment au Proche et au Moyen Orient, doivent être conduites à leur terme afin que les combats que nous avons décidé de mener pour rétablir ce que nous considérons être le droit dans des zones éloignées de notre métropole atteignent leurs objectifs localement et ne mettent pas en péril notre modèle culturel.
    • que plus que jamais notre démocratie doit faire la démonstration de sa capacité à respirer et à s’exprimer même lorsque l’atmosphère est suffocante. Ne confondons pas mesures d’urgence et loi martiale.

Donner au gouvernement les moyens d’urgence qu’il juge nécessaires en sa qualité de dépositaire de l’ordre et de la sécurité publics était une nécessité absolue ; c’est ce que nous avons fait la nuit dernière.
Faire fonctionner à plein régime notre démocratie parlementaire afin qu’elle propose le plus rapidement possible une stratégie de restauration de l’ordre dans les parties du monde où se perpétue la gestation de ces réseaux destructeurs et qu’elle ramène sans délai la paix à notre pays est désormais la priorité absolue.

Nous avons voté la nuit dernière la prolongation de l’état d’urgence ; depuis 4h53 ce matin, l’Urgence de l’Etat est de ne surtout pas s’arrêter là.

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