François Hollande et ses confidences, Billet n°15

Notre Président de la République vient de livrer ses sentiments à deux journalistes-auteurs au cours d’une soixantaine de rendez-vous.
Je n’ai pas lu cet ouvrage, d’abord parce qu’il n’est pas encore disponible et ensuite car je pense honnête de dire que je n’ai pas l’intention de m’y plonger.

L’existence-même de cet ouvrage en revanche, inspire quelques réflexions :

  • il ne me semble pas opportun qu’un Président de la République en exercice se livre à un tel exercice. Cette fonction j’en suis sûr, comme d’autres bien moins importantes, exige de faire sans cesse la part des choses entre la personne publique, dont chacun comprend qu’elle appartient à tous dans beaucoup de ses attributs, et la personne privée, qui, elle, doit impérativement faire preuve d’une abnégation et d’une discrétion de tous les instants. Il en va de la préservation et du respect de la plus haute fonction de notre République et quel que soit le bord politique, tout ce qui concourt à l’abaisser est en tous points condamnable.
  • la période que traverse notre pays renforce encore cette exigence tant le doute s’est répandu dans tous les esprits sur le fonctionnement de nos institutions et la probité de leurs élus. Il me paraît invraisemblable que le Président de la République fasse ainsi courir à notre pays – à travers ce qui s’apparente à des confidences de comptoir – de s’enfoncer un peu plus encore dans ce climat général de défiance qui nous pèse tant.
  • la soif inextinguible des média pour les phrases chocs et les formules à l’emporte pièces est évidemment passée par là, a fortiori lorsqu’on s’y prête et nous voilà aujourd’hui avec ces mots effrayants pour notre pays, notre passé, nos valeurs, notre unité nationale : ‘la femme voilée d’aujourd’hui sera la Marianne de demain’. Séquence invraisemblable, paroles incroyables (si elles n’étaient pas écrites dans un ouvrage autorisé, commandité même…), provocation inadmissible, formule on ne peut plus clivante si l’on se rappelle qu’elle appartient à celui qui est dépositaire des valeurs de notre République.

Il est vraiment des moments que l’on souhaiterait pouvoir effacer complètement pour ne pas avoir à les commenter.