13e Demi-brigade de Légion étrangère

Rencontre avec cette unité spéciale avant leur départ pour la lutte française contre le djihadisme au Mali.
La 13e DBLE est articulée en sept compagnies : une compagnie de commandement et de logistique, cinq compagnies de combat, une compagnie d’appui, une compagnie de réserve.
Après une visite et une séquence d’immersion sur le camp du Larzac juste avant le départ de nombreux militaires pour le Mali (opération Barkhane), je programme actuellement un déplacement sur place – en lien avec le Ministère des Armées – pour aller me rendre compte de leurs conditions d’exercice.

À l’instar de ce que j’ai fait, il y a quelques jours avec nos policiers et nos gendarmes en tant que membre de la commission des lois de l’Assemblée nationale, j’ai souhaité découvrir pendant quelques heures la réalité des missions de nos militaires de la 13e DBLE du camp du Larzac, avant leur départ pour le Mali.
Au programme rencontre avec le chef de corps ainsi que les capitaines commandant les compagnies, déjeuner avec une réelle ration de combat sous une tente sur un site d’exercice, session de tir avec un HK416.
L’objectif étant d’échanger avec les militaires sur leurs préoccupations, mais aussi sur les enjeux de la politique de défense.
Beaucoup de points très importants vont me suivre lors des prochains débats sur notre politique de défense et la loi de programmation militaire.
Afin de montrer tout le soutien et toute la reconnaissance de notre territoire à nos soldats, j’ai trouvé normal de me déplacer pour dire au revoir à près de 500 hommes qui partent au Mali sur le théâtre d’une opération très stratégique pour la lutte française contre le djihadisme au Mali.

J’ai convié tous mes collègues élus du Larzac, de Millau, du Parc Naturel Régional des Grands Causses, du département de l’Aveyron, et de la région Occitanie à un point presse commun au cours de cette journée.
De façon unanime, les élus du territoire ont annoncé leur soutien aux soldats et “la fierté de voir nos nouveaux Aveyronnais capables de défendre la patrie”.

Dans l’Aveyron, nous avons la chance d’accueillir sur le camp du Larzac la 13ème Demi-brigade de la Légion Étrangère. Il s’agit d’un atout formidable pour le développement de notre territoire. Des centaines de familles sont venues s’installer ce qui permet de redynamiser certaines communes, de permettre à des commerces, des écoles de rester ouverts, et même de recruter. L’intégration des personnels militaires au sein de nos collectivités est un enjeu important permettant une revitalisation de nos bourgs.
Une question, cependant, est souvent posée aux parlementaires, qui ont la charge de voter le budget de l’Etat. De très nombreuses personnes s’interroge sur la nécessité et la pertinence d’allouer un budget très conséquent aux organes de défense et de sécurité. Si les multiples attentats qui ont endeuillé notre pays justifient une augmentation compréhensible pour beaucoup des moyens alloués à la police et à la gendarmerie, les augmentations de budget pour les armées sont-elles moins bien interprétées par la population. Si nous nous sommes habitués à croiser des militaires en armes dans nos rues avec l’opération Sentinelle, il serait dangereux de perdre de vue que cette opération constitue la seule mission de l’Armée française, loin de là.
Le budget de Défense de la France est un sujet qui dépasse les questions partisanes ou idéologiques. Cette question, éminemment régalienne, repose sur trois problématiques :

– La position de la France dans le monde et l’Europe. Actuellement, la France est encore l’une des grandes puissances militaires du monde du fait de son arsenal nucléaire, de son expérience opérationnelle et de son savoir-faire, notamment sa capacité à entrer en premier sur un théâtre et de mener simultanément plusieurs Opex.
Cette position de force permet à la France d’avoir une voix entendue et respectée à l’ONU lui donnant la possibilité de peser lors des négociations et d’éviter de nombreux conflits et d’œuvrer pour la paix. Grâce à cela, elle peut mener de nombreuses actions de médiations et conduite des processus de paix. De plus, la France dispose du deuxième espace maritime au monde après les Etats Unis, il faut pouvoir le surveiller, protéger les territoires ultras marins de la piraterie, des trafics, de l’immigration clandestine, de la surpêche… La France est ainsi militairement partout dans le monde grâce aussi aux forces prépositionnées à l’étranger pur pouvoir agir le plus vite possible en cas de crise aux quatre coins du monde. Sans une armée puissante et capable de frapper, ce rôle international de la France se réduirait fortement. Le contre-exemple est l’Allemagne ou malgré une politique économique et industrielle très puissante elle reste inaudible sur le plan international du fait que son armée ainsi que sa politique de défense reste très faible. Cela nous mène au rôle de la France dans la défense européenne.

– Ce concept, qui n’est pour l’heure qu’une idée sans réels aspects concrets et opérationnels, est en réalité assuré par la France qui dispose de la première armée européenne et qui déploie très fréquemment de gros contingent en Méditerranée ou aux frontières de la Russie avec l’opération Lynx. Le président de la République, Emmanuel Macron souhaite relancer le processus d’une défense européenne. Pour l’heure, cela n’est pas possible et ce n’est pas la priorité de tous les Etats. Les manières de fonctionner et d’intervenir sur un théâtre sont très diverses selon les pays européens. Les priorités stratégiques sont aussi à prendre en compte et trop souvent occultées lorsque l’on parle de défense européenne. La France oriente sa défense vers le Sud et le Moyen-Orient, alors que de nombreux pays de l’Est continuent de considérer que l’ennemi premier demeure la Russie et ce faisant, orientent l’ensemble de leur défense en direction de cet Etat. Ce dernier point permet de soulever le fait que ces Etats préfèrent être intégré à l’OTAN plutôt qu’à une défense européenne lacunaire, non coordonnée avec des modalité d‘action trop lourdes et complexes.

– Le contexte international, est à prendre en compte. Le monde multipolaire actuel compte un nombre de conflits armées (avec des acteurs étatiques et non-étatiques) très élevé menaçant directement ou indirectement les intérêts nationaux. La déstabilisation du Moyen-Orient issue des guerres qui se sont succédé au début des années 2000 a créé un terreau favorable à l’installation de groupes islamistes radicaux ayant la capacité de frapper de nombreux Etats occidentaux en leur sein. La France en a payé un lourd tribut. L’Afrique saharienne et équatoriale est aussi en proie à de très fortes tensions qui donnent parfois lieu à des affrontements armés comme en République Centrafricaine, en Côte d’Ivoire, et avec de très fortes menaces islamistes comme au mali, Niger, Tchad, Mauritanie, Libye. Les tensions extrêmement vives créées par le conflit syrien ou les affrontements entre kurdes, turcs, et différentes factions syriennes recevant les soutiens de la Russie, de l’Iran rendent cette partie du monde extrêmement instable. L’intervention conjointe des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni contre les stocks chimiques Syriens démontre la nécessité de disposer d’une armée toujours opérationnelle pour faire face aux innombrables conflits et crises qui émaillent le monde, de protéger les ressortissants français à l’étranger, et parer à toute menace – directe comme indirecte- sur le territoire national. Sans budget conséquent et adapté aux besoins induits par le contexte international, la France ne pourrait plus assurer dignement sa défense et celle de ses citoyens. Il est à noter qu’en 2011, les Américains ont opéré un pivot stratégique majeur, comme l’a souligné le secrétaire à la défense de l’époque, Robet Gates, ou la défense américaine a été réorienté en direction de la zone Pacifique et Asie et où il fut demandé aux nations européennes de prendre en charge leur défense en essayant de moins s’appuyer sur les États-Unis. Dès lors, la France a la possibilité de jouer un grand rôle.

– Enfin, il existe un paradoxe de défense faisant qu’un Etat disposant d’un outil de défense puissant et capable d’assurer une certaine stabilité, crée un sentiment de sécurité durable au sein de la population. Ce ressenti, au fil des années, laisse à penser qu’il n’est plus nécessaire de disposer d’autant de puissance militaire puisqu’il semble que la situation sécuritaire soit stable. Or, c’est précisément grâce à cette force militaire que l’Etat se trouve en situation de sécurité et assure cette stabilité auprès de ses voisins et alliés. Il est alors dangereux de baisser sa garde et de réduire les budgets de défense à ce moment-là, car les années qui viennent de passer nous ont démontrées qu’à n’importe quel moment des crises peuvent éclater et menacer de nouveau directement la défense de notre nation.
Nous avons vu le désastre qu’une stricte réduction des dépenses militaires a pu engendrer. Cela a poussé à une réorganisation précipitée de l’outil de défense pour faire face aux attaques sur le territoire national, mais aussi pour pouvoir agir sur les conflits éclatant au Sahel sur plusieurs Etats simultanément ainsi qu’en Irak avec la lutte contre Daech dans le cadre de l’opération Chamal.
Ces différents points montrent qu’il est essentiel de disposer d’un outil de défense opérationnel, grâce à un budget conséquent permettant la protection des intérêts français à l’étranger et pour prévenir l’ensemble des menaces qui peuvent à terme menacer notre sécurité nationale.
En tant que député, je suis régulièrement saisi de la question du nucléaire militaire par nos concitoyens.
Il s’agit d’un sujet faisant l’objet de vives controverses surtout en période électorale. L’importance des questions relatives au nucléaire militaire et à l’indépendance stratégique de la France nécessite la aussi des réponses dépassant le clivage partisan entre la droite et la gauche afin de mieux saisir les enjeux de souveraineté et de défense nationale.
Il est souvent mis en exergue que l’utilisation d’armes nucléaires est inopérante dans la lutte contre le terrorisme. Il est vrai que pour des conflits de basse intensité, de contre-insurrection comme c’est le cas dans la lutte contre le terrorisme, le nucléaire tactique et encore plus stratégique semble disproportionné. Néanmoins, cela serait une faute stratégique majeure, que l’histoire ne pourrait nous pardonner, de considérer la guerre comme étant devenue seulement une forme de lutte contre le terrorisme. La France doit préparer l’ensemble de ses outils de défense capable de faire face aux nombreuses formes que la guerre peut prendre. Si aujourd’hui les conflits sont le plus souvent de « basse intensité », rien ne nous permet de croire que dans les années à venir des conflits, à l’image de ceux que nous avons connus dans notre histoire, ne ressurgissent.
La France continue de mener la politique qui a été fixée par le TNP, visant à empêcher le plus possible la dissémination et la prolifération nucléaire. Ce sont le contournement des normes et le non-respect des engagements de non-prolifération qui menacent la crédibilité et la pérennité des instruments multilatéraux, et plus particulièrement l’avenir du régime fondé sur le TNP.
Il ne faut pas se tromper sur les intentions des États souhaitant l’interdiction des armes nucléaires. En premier lieu, les négociations lancées à l’initiative des Etats-Unis avec Monsieur Obama sur cette question doivent être replacées dans le contexte stratégique américain. L’Arsenal nucléaire ne leur est plus indispensable du fait de leurs capacités militaires conventionnelles. Leur doctrine d’emploi nucléaire supposant une utilisation a postériori, à des fins dissuasives, ou a priori afin d’inciter certains États à changer leur politique de défense, peut tout à fait se réaliser avec leur arsenal conventionnel. Cela leur permet donc d’initier des négociations sur le désarmement nucléaire, car pour les Etats-Unis, il n’y aura pas d’incidence. Mais ce n’est pas le cas pour les autres pays.
La possession d’un arsenal nucléaire pour des puissances moyennes telle que la France relève donc d’une nécessité stratégique sur plusieurs points :
Équilibre de puissance, les États dotés d’une puissance militaire moyenne ne peuvent rivaliser, faire entendre leur voix sur la scène internationale et parfois freiner les ardeurs américaines que grâce à la possession d’un arsenal nucléaire. Leur capacité conventionnelle étant très fortement inférieure à celle des Etats-Unis ou de la Russie. Sans capacité nucléaire, ces États seraient totalement effacés et il n’y aurait aucun contre-pouvoir international, ce qui en période de crise peut être extrêmement grave pour la sécurité internationale. De fait, deux États nucléarisés ont beaucoup moins de chance de s’affronter que des États non dotés de ce type d’arme.
Siège au Conseil de sécurité de l’ONU. La France est un membre permanent du CSNU. Avec l’émergence de nouvelles puissances, le maintien de l’arsenal nucléaire français est un des facteurs de la conservation de ce siège permettant à notre pays de posséder encore une réelle influence diplomatique dans le monde.
Déclassement stratégique. Si la France venait à supprimer son arsenal nucléaire, elle perdrait très fortement en crédibilité lors des crises internationales et serait reléguée au rang de puissance moyenne sans influence internationale. L’arme nucléaire est devenue pour certains théoriciens l’arme du « faible ». Nous sommes très loin d’avoir une capacité militaire conventionnelle nous permettant de nous passer de notre arsenal nucléaire.
Dans le contexte de tensions internationales actuelles, la défense européenne est un sujet qui revient en tête des débats. Or, pour l’instant, cette défense est assurée en très large majorité par la France, de surcroît depuis le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne. Les menaces auxquelles doit faire face l’UE ne sont pas que terroristes. Déposséder la France de l’arme nucléaire reviendrait aussi à affaiblir la défense de l’UE dans son ensemble.